Traduction – facturation à l’heure (fiction)

29 novembre 2015

29 novembre 2015

par Yves Lanthier, traducteur agréé (OTTIAQ, Canada)

Peu répondent à la question sur les donneurs d’ouvrage qui auraient établi la facturation à l’heure pour les pigistes, alors en voici un fictif.

Appelons le « je ».

Disons tout d’abord que je puis me permettre la facturation à l’heure parce que je suis un langagier expérimenté et que je n’ai pas cessé de pratiquer; c’est donc quelqu’un d’autre que moi qui s’occupe de la plus grande partie de la gestion de projets et de la gestion générale — recrutement, prospection…
J’établirais ou accepterais une entente de facturation à l’heure non pas avec un traducteur, mais avec une équipe comprenant au moins un réviseur qui connaîtrait bien mon contenu et réviserait évidemment toutes les traductions. Ce fournisseur serait responsable de trouver des ressources pour toutes mes demandes dans une série de domaines convenue. Je contribuerais bien entendu à la recherche de ressources complémentaires au besoin.
L’entente comprendrait des formations occasionnelles sur différents aspects du travail; ces formations seraient données soit par mon entreprise, soit par celle du fournisseur, parfois en collaboration.
Pour la majorité des mandats, les traducteurs et les réviseurs travailleraient en réseau sur mes serveurs; des ressources d’urgence seraient fournies en cas de panne.
Certaines formations porteraient sur l’évolution de la langue. (Par exemple, emploiera-t-on impact au sens de répercussions? Mes clients ont-ils leurs opinions et exigences respectives à ce sujet, en particulier s’il s’agit de clients langagiers qui connaissent et consultent régulièrement Usito, Antidote 9, le Multi, Clefs du français pratique, la BDL…?)
Nous aurions un outil commun pour mesurer le rapport qualité-productivité des traducteurs et des réviseurs, non pas dans un but coercitif, mais certainement dans un but incitatif. (Personne ne demande aux bons traducteurs de travailler tous à la même vitesse dans plusieurs domaines ou pour différents types de traduction.)

Qui dit incitatif dit récompenses, et nous établirions un système de gratifications (primes…).

(À suivre?)


«Postédition», la mal nommée

23 janvier 2015

Le terme «postédition» est déjà fortement ancré au sens de «révision de traduction machine», et il faudrait un colosse pour le déraciner et le remplacer… par quoi, au fait?

La discussion semblait trop longue pour la communauté des terminologues, souvent coincée entre vitesse et paresse.

Des effets secondaires se font déjà sentir: des éditeurs appellent… «éditeurs» leurs réviseurs, voire aussi leurs correcteurs.


Les mémoires

23 janvier 2015

En plus de penser au lecteur cible, le traducteur se demande maintenant: «Qu’est-ce que j’envoie dans cette mémoire qui sera utilisée par mes pairs?»


Mieux traduire « transcreation »

21 novembre 2013

Mieux traduire « transcreation »?

« Transcréation », ce n’est pas traduire.

Traduire, c’est créaduction.

Et c’est créaduire.

Yves Lanthier, trad. a.
.
.


Futures abréviations de postscriptum, s’il vous plaît, sans objet…

21 juin 2013

Postscriptum

L’abréviation la plus courante, P.-S., perdra son sens lorsque l’orthographe rectifiée de post-scriptum, postscriptum, passera dans l’usage prépondérant.

Ramat et d’autres, dont Wikipédia http://bit.ly/KYZmYT, préconisent ou recensent l’abréviation PS.

La graphie sans trait d’union n’a pas que les rectifications de l’orthographe comme motif : le français préconise l’usage du préfixe post sans trait d’union et post-scriptum est une exception (lire l’article Post- dans la BDL http://bit.ly/19mLc2c). Et l’un des objectifs des rectifications est de réduire le nombre d’exceptions.

L’abréviation PS me semble militer en faveur d’une séparation psychologique entre post et scriptum, donc en défaveur de la disparition du trait d’union.

Je suggérerais la création et l’usage de la graphie Ps. :

Ps. – Je t’aime.

S’il vous plaît

Pour « s’il vous plaît », la plupart des ouvrages recensent les abréviations SVP, svp, S.V.P. et s.v.p.

L’exponentialité des communications nous fait abandonner les points, de sorte que SVP et svp sont en prépondérance (Usito.com prend la peine de mentionner « s’il te plaît » et ne donne que les abréviations sans points.)

On voit SVP au milieu et au début des phrases, et svp seulement au milieu des phrases, bien entendu.

Formule (Usito) ou adverbe (Antidote), « s’il vous plaît » est en quelque sorte une phrase sans verbe, le plus souvent incise.

Pour le début des phrases, je suggérerais la création et l’usage de la graphie Svp :

Svp, répondez à toutes les questions.

(Stp, n’oublie pas d’acheter du lait.)

Sans objet

« Sans objet » a pour abréviations usuelles S. O. et s. o., que l’on voit souvent sans l’espace : S.O. et s.o.

Les abréviations sont utilisées surtout dans les tableaux et dans les énumérations verticales, où elles sont le plus souvent seules dans la case ou sur la ligne.

« Sans objet » est en quelque sorte une phrase complète sans verbe.

Je suggérerais la création et l’usage de la graphie S. o.

Yves Lanthier, trad. a.


Sondage sur l’interface du Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’OQLF – juin 2013

15 juin 2013

(Sondage maintenant fermé. En fait, il était censé être fermé après l’été 2012. YL 22jn13)

««
La nouvelle interface du GDT est en ligne depuis le 7 juin 2012. Nous souhaitons maintenant connaître vos impressions et vos idées sur cet outil de référence en terminologie.
Le sondage est anonyme et comporte une vingtaine de questions qui nous aideront à mieux cerner les besoins de tous nos usagers.
Merci infiniment de prendre le temps de partager avec nous vos opinions sur la nouvelle interface du GDT.
»»

Mes réponses (sans les éléments visuels) :

A. Recherche

1. Utilisez-vous les préférences de recherche proposées par défaut ou avez-vous tendance à les paramétrer en fonction de vos besoins?

En fonction de mes besoins.

Il est très dérangeant que l’interface ne conserve pas nos préférences jusqu’au prochain changement, d’autant plus que la fenêtre des préférences se referme constamment, ce qui nous oblige à vérifier chaque fois. Et nous fait perdre des résultats intéressants si on oublie de vérifier, parce qu’on croit que le GDT ne contient pas notre réponse.

2. Trouvez-vous utile la possibilité d’effectuer une recherche dans les définitions et les notes?

C’est indispensable, et il faudrait même la recherche intégrale : termes, synonymes, définitions, notes…

3. Pour le paramètre « Terme qui », préférez-vous utiliser l’option par défaut « est égal à » afin de parvenir plus rapidement à l’objet de votre recherche ou préférez-vous utiliser l’une des autres options (« commence par », « contient » ou « se termine par ») afin d’obtenir plus de résultats?

Généralement « contient ».

Nous devrions avoir constamment devant les yeux une note sur l’utilisation (et la grande utilité…) de la troncature *, par exemple à l’intérieur d’une requête « terme qui contient » (fin*herb).

4. Préférez-vous choisir un ou plusieurs domaines avant de lancer la recherche, ou plutôt filtrer les résultats par domaines une fois que vous avez accès au sommaire des résultats?

Filtrer ensuite.

De temps en temps avant, par exemple pour afficher rapidement une fiche que je connais déjà. Mais il y a le danger d’oublier de décocher…

B. Résultats de recherche

1. Si vous conservez le paramètre « toutes les langues » et que l’objet de votre recherche est trouvé dans plus d’une langue, des onglets s’affichent dans la page de résultats.
Lorsque vous cherchez un terme, est-ce que vous préférez choisir une langue d’interrogation dans la case de recherche ou cliquer sur l’onglet pertinent, au besoin?

Choisir une langue
… étant donné que j’utilise surtout le GDT pour la traduction de l’anglais au français.

2. Dans l’ancienne version du GDT, on trouvait un index comprenant des termes et des domaines. La nouvelle version offre plutôt un sommaire des résultats qui présente davantage de renseignements comme l’équivalent dans une autre langue, la définition, l’auteur et la date.
Trouvez-vous que le sommaire des résultats est facile à comprendre?
Oui.
Cependant, il serait grandement préférable que les résultats soient en ordre antéchronologique (fiche la plus récente au début) plutôt qu’alphabétique.

3. Utilisez-vous les filtres pour réduire le nombre de résultats de recherche?

Oui, surtout le filtre par domaines.

4. Aimeriez-vous avoir de nouveaux filtres?

Si on peut appeler cela un filtre : l’affichage par ordre antéchronologique (cf. question précédente).

5. Aimez-vous que l’on puisse repérer facilement les fiches dont l’OQLF est l’auteur?

C’est la moindre des choses, et le sondage m’aura fait penser à utiliser ce filtre plus souvent. Termium devrait peut-être faire en quelque sorte l’équivalent.

6. Dans le sommaire, les résultats apparaissent en ordre alphabétique en fonction du premier terme de la fiche. Aimeriez-vous pouvoir choisir l’ordre des fiches qui apparaissent dans le sommaire des résultats, par exemple en fonction de l’auteur ou de la date de rédaction de la fiche?

(Cf. réponses précédentes.)
L’ordre antéchronologique serait conforme à ce qui est (ou était…) enseigné dans les écoles de terminologie.
Aussi à ce que fait Termium, et à ce que faisait le GDT avant.

7. Aimeriez-vous pouvoir sélectionner un certain nombre de fiches, dans le sommaire des résultats, de manière à ne visualiser que celles-ci?

Sans opinion.

C. Fiche terminologique

1. Avez-vous l’habitude de consulter uniquement le sommaire des résultats de recherche, ou cliquez-vous pour visualiser les fiches terminologiques complètes?

Je consulte souvent les fiches complètes.

2. Aimez-vous la nouvelle présentation des fiches du GDT?

Oui.

3. Utilisez-vous ou comptez-vous utiliser la fonction d’envoi de fiches par courriel?

Oui.

4. Utilisez-vous les flèches pour passer d’une fiche à l’autre?

Oui.

Je pensais la même chose de l’interface précédente : il serait utile de pouvoir passer directement à une certaine fiche, par exemple lorsqu’il y a une longue série et qu’on se rappelle une fiche très intéressante que l’on pourrait afficher rapidement pour la relire, p. ex. ici en remplaçant le 3 par 6…

D. Questions générales

1. Le contenu des infobulles vous aide-t-il à comprendre la nature des données et le fonctionnement de l’interface?

Oui.

2. Trouvez-vous utiles les différentes aides contextuelles du GDT (dans la boîte de recherche, dans le sommaire des résultats et dans la fiche terminologique)?

Oui.

3. Parmi les changements qui ont été apportés à l’interface, lequel aimez-vous le plus?

Les données supplémentaires (définition, auteur, date, etc.) dans le sommaire des résultats.

Il aurait été utile de pouvoir donner plusieurs réponses dans l’ordre de préférence…

4. Dans l’ensemble, aimez-vous la nouvelle interface et les nouvelles fonctionnalités du GDT?

Sans opinion.

5. Utilisez-vous le GDT dans le cadre de votre travail?

Oui.

6. Consultez-vous fréquemment le GDT?

Oui.

Plusieurs fois par jour.

Courriel envoyé au GDT après avoir répondu au sondage :

Bonjour,

J’ai répondu au sondage sur l’interface du GDT, que j’ai trouvé tout à fait par hasard dans Internet. Serait-il possible de savoir depuis quand il existe et pour combien de temps afin de pouvoir le dire à nos collègues?

J’espère que toutes les réponses et tous les commentaires se sont rendus, car j’ai observé qu’en reculant de quelques questions, j’ai dû réinscrire tous les commentaires sous les questions ultérieures.

Je me serais attendu à une dernière page de commentaires, où j’aurais voulu suggérer que la fenêtre des préférences ne se ferme *jamais*. Si la fenêtre, carrée ou presque, prend trop d’espace, vous pourriez créer une fenêtre rectangulaire, sur toute la largeur de l’écran s’il le faut, et beaucoup moins haute.

On passe un temps fou à rouvrir cette fenêtre pour vérifier les préférences, d’autant plus que les préférences ne sont pas conservées (elles le devraient…).

C’est pour cette raison que j’ai répondu « sans opinion » à la question « Dans l’ensemble, aimez-vous la nouvelle interface et les nouvelles fonctionnalités du GDT? ».

Au plaisir.

Yves Lanthier


Le langagier et les emprunts translinguistiques « à proscrire, critiqués, passés dans l’usage, de bon aloi… »

12 juin 2013

En français, les nuances de pondération des emprunts à l’anglais sont devenues de véritables catégories :

– À proscrire

– Emploi critiqué

– Critiqué, mais passé dans l’usage

– De bon aloi

Les différents guides s’entendent sur certaines de ces pondérations, sont en désaccord sur d’autres, et leurs opinions respectives évoluent. Nous vivons une ère d’opinions normatives, et une opinion est par définition évolutive.

De plus en plus consultés au détriment des guides papier, les guides électroniques évoluent aussi plus rapidement, beaucoup plus.

Il incombe au langagier de consulter plusieurs guides électroniques pour chaque cas d’emprunt, et de refaire chaque série de consultations de temps en temps.

Il lui incombe aussi de poser de temps en temps le geste historique d’aller relire les guides papier, où l’on voit se scinder graduellement les nuances de pondération.

Il a toujours été nécessaire de relire, mais il existe maintenant des raisons majeures additionnelles.


TheFreeDictionnary.com – dictionnaires unilingues, thésaurus, dictionnaires bilingues

8 juin 2013

Plusieurs professeurs de traduction anglais > français rêvent de nous persuader de « toujours » consulter un dico unilingue anglais avant un dico bilingue.

Pour leur faire plaisir et leur donner raison, utiliser TheFreeDictionary.com, qui présente avant tout (évidemment) le contenu de plusieurs dicos unilingues anglais, souvent suivi d’entrées de thésaurus parfois nombreuses, puis, souvent aussi, de traductions, françaises et autres.

Pas toujours, ce qui nous oblige à continuer à chercher, au grand plaisir du professeur.

Prenons un exemple où il y aura certainement des traductions, l’entrée table :

Dicos unilingues anglais

– The American Heritage Dictionary of the English Language
– Collins English Dictionary – Complete and Unabridged
– Random House Kernerman Webster’s College Dictionary

Thésaurus

– Farlex clipart collection (WorldNet), Princeton University
– Collins Thesaurus of the English Language

Dicos de traduction

– Collins English/French Electronic Resource
– Kernerman English Multilingual Dictionary
– Multilingual Translator, HarperCollins Publishers

Yves Lanthier, trad. a.
@Voluuu

Si Usito, Antidote, etc., donnaient d’emblée toutes les catégories grammaticales dérivées…

7 juin 2013

… ce serait formidable.

À l’article planer, par exemple, chaque dico donnerait bien en évidence les substantifs planage (d’une pièce de bois) et planement (de l’oiseau).

Yves Lanthier, trad. a.


D’autres ou de d’autres

19 Mai 2013

@RC_Langue D’autres employé après un verbe qui demande la préposition de: on ne répète pas de, le d’ suffit: Il a parlé d’autres (et non de d’autres) choses.

Il faut des exemples où «d’» est nécessairement une préposition, comme dans «Il a parlé de choses et d’autres»: si on disait «de d’autres», il y aurait deux prépositions et ce serait incorrect. On retient donc: lorsqu’il y a deux prépositions (= lorsque «de» double la préposition…), c’est nécessairement incorrect et on évite.
Puis distinguer les catégories grammaticales de «d’» et aussi de «d’autres» dans différentes expressions. Début de liste:
«Il parlait de qui, de quoi? — D’autres personnes, d’autres choses.»
«Il parlait de ces personnes, de ces choses? — Non, il parlait de d’autres.» (S’il veut enlever «de» ici, le locuteur ajoutera nécessairement «personnes» ou «choses».)
Puis d’autres exemples où «d’» est préposition ou non, où «d’autres» est pronom indéfini pluriel ou non, etc.
Autre approche: distinguer les fois où «d’autres» est le pluriel d’«un autre» et les fois où il ne l’est pas.

Yves Lanthier

Montréal

@Voluuu