Des « civilisations sans écriture » (Claude Lévi-Strauss) à la civilisation documentaire

1 février 2009

Vers le début de l’entrevue où conduit le lien « Entrevue avec Claude Lévi-Strauss (1980)… » dans la blogoliste ci-contre, notre homme, depuis peu centenaire et qui vit maintenant en reclus(*), lance la rafraîchissante notion scientifique de civilisations sans écriture qu’il suggère d’utiliser au lieu de « sociétés primitives ».

L’écriture est graduellement devenue une immense et omniprésente industrie, elle s’appelle maintenant documentation et, si elle disparaissait, de grands pans de civilisation disparaîtraient avec elle; en fait, « la civilisation » encaisserait un coup assez puissant pour risquer aussi la disparition : même dotée des plus formidables outils de survie, l’humanité parvient à courir tous les risques de l’autodestruction, y compris les mauvais usages de l’écriture et de la documentation.

À l’origine, l’écriture a contribué à la survie de l’espèce en ajoutant une dimension à la mémoire, puis de multiples dimensions à la communication.

Vinrent ensuite d’autres « médias », que l’écriture (la documentation) doit toutefois continuer à étayer par les explications et la conceptualisation.

Aujourd’hui, tous les médias, y compris l’écriture, se fusionnent, et l’une des conséquences de cet amalgame est que l’écriture fait l’objet de spécialisation : la publication d’écrits se doit d’être le fait d’une équipe comprenant nécessairement la fonction de révision, ou, si elle est le fait d’un individu, ce dernier doit compter une solide expérience de travail d’équipe parmi ses antécédents.

Sous quelle forme existe, ou existait, cette spécialisation dans les civilisations sans écriture? Pour répondre, relisons l’immense collection de mythes amérindiens recensée et analysée par Claude Lévi-Strauss.

Yves Lanthier

(*) http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=47895